mercredi, décembre 31, 2008

Mon Dadi



Il était une fois un grand père très grand et très beau, avec des yeux bleus comme un glacier et qui sentait bon l’eau sauvage. Il habitait au cœur de la forêt et pour Noël, après de longues heures de marches auprès de lui, nous trouvions un magnifique sapin de quinze mètres de haut. Il nous régalait d’un festin de châtaignes grillées dans le feu de cheminée. Il installait des pièges à vison dans les ruisseaux au-dessus desquels virevoltaient des demoiselles vertes et bleues. Il plantait des familles de peupliers et cultivait des légumes géants au milieu des glaïeuls et des dahlias. Il se levait aux aurores pour sonner le cor et son écho embrassait chaque feuille d’arbre, chaque fougère. Il nous faisait tendre l’oreille pour découvrir le chant du pouillot vélos. Nous ouvrions grands nos yeux afin d’observer les empreintes des chevreuils et de découvrir les cèpes sous des manteaux de feuilles d’or. Il réchauffait dans ses grandes mains les petits pieds gelés et partageait son pain du matin pour que le petit bol d’enfant puisse ressembler au grand bol, recouvert de lait chaud et sucré. Il nous serrait fort fort fort et nos petites voix se transformant en petits soubresauts nous faisaient rire aux éclats. Il tenait la petite main pleine de larmes dans la sienne pour la réconforter. Il laissait la petite bouche lui donner un dernier baiser sur sa joue douce et tiède.
Mon grand père vit toujours dans la forêt. Je sens encore son parfum. Il n’est pas loin.